Le Québec Étudiant
Volume 01 - Numéro 01
6 septembre 1977
(BNIR) L'existance d'un grand nombre de tendances politiques et d'opinions diverses a toujours constitué un problème au sein des organisations syndicales étudiantes . En effet, comment rallier ensemble tous les étudiants autour d'objectifs communs alors que plusieurs groupes ou partis tentent d'imposer leurs propres vues? Au cours des années '60, alors qu'il rédigeait l'historique de la lutte de l'UGEQ sur la gratuité scolaire, Jean Taillon écrit : «Depuis la fondation de l'UGEQ, les dirigeants étudiants se préoccupent de la question, mais des conflits idéologiques (sic) empêchent le front commun étudiant.» En 1969, c'est la confusion politique qui amena la dissolution de l'Union Générale des étudiants du Québec (UGEQ). On voit donc comment ce problème, s'il n'est pas résolu, peut être néfaste à l'avancement des luttes étudiantes. C'est pourquoi l'Aneq a adopté en juillet 1977 une position formelle face à cette question. La résolution ne nie aucunement le droit de chaque étudiant d'avoir ses propres opinions et de les exprimer. Cependant, il est clairement stipulé que des individus ne doivent pas tenter de subordonner l'Aneq aux fins de leur parti ou de leurs opinions personnelles. Cela signifie que chacun se doit de respecter les décisions de la majorité, votées dans les assemblées générales étudiantes ou autres instances de représentation syndicale.
Voici le texte de la résolution :
L'Aneq est un mouvement de masse et les étudiants y adhèrent non pas sur leurs opinions politiques ou leur militantisme, mais plutôt sur la base de leurs intérêts.
L'Aneq doit affirmer son autonomie vis à vis quelque groupe ou parti politique que ce soit.
L'Aneq doit avoir comme but premier la défense des intérêts de ses membres.
L'Aneq ne doit pas dénoncer un ou plusieurs militants parce qu'ils sont d'un groupe ou d'un parti politique quelconque.
Quelques exemples du passé :
- Lors de manifestations, quelques militants distribuent des tracts, ce qui crée une confusion sur la nature de la manifestation.
- Lors de manifestations, quelques militants arborent des slogans appartenant à des groupes politiques, ce qui sème encore une fois la confusion sur la nature même de la manifestation.
- A chaque occasion où il y a un compromis de fait, c'est selon ces militants une compromission et une traîtrise qu'il faut dénoncer.
- Utilisation du nom de PEN (Presse étudiante nationale) malgré la dissolution de l'ancien exécutif.
- Ces divers groupes s'affrontent, sans qu'on puisse s'y retrouver, en prétendant être les seuls à pouvoir guider correctement les revendications étudiantes.
- Aux congrès, quelques militants distribuent des tracts associant les militants de l'Aneq à un groupe politique.
Conscient que l'Aneq ne doit pas devenir une arène où se disputent les défenseurs d'idéologies politiques :
L'Aneq dénonce ces pratiques qui affaiblissent le mouvement étudiant en provoquant la confusion, la division, et les réactions de droite. L'Aneq confirme sa démarche autonome par rapport à tout parti, mouvement ou groupe politique. Les membres et les militants des associations étudiantes ne doivent pas utiliser l'Aneq, ni la subordonner aux fins de leur parti, de leur mouvement ou de leur groupe politique. L'Aneq se devra de dénoncer tout membre qui essaient d'utiliser l'Aneq pour des fins autres que celles de l'Aneq.
Proposé par l'association générale des étudiants du Cégep de Trois-Rivières
Adopté par le 7e Congrès national de l'Aneq, Sherbrooke, juillet 1977
Les tendances politiques dans le mouvement étudiant
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