VIIème congrès de l'ANEQ - Qui doit payer?

Le Québec Étudiant
Volume 01 - Numéro 01
6 septembre 1977

A la lumière de l'analyse historique, une réforme du système d'enseignement au Québec est nécessaire et suivant une telle optique le financement de l'Education doit être assuré «par une taxation des revenus de la grande entreprise, revenus qu'elle réalise à même les ressources et la force de travail au Québec». C'est en ces termes que le VIIième Congrès de l'Association Nationale des Etudiants du Québec a défini au mois de juillet dernier le principe sous-tendant toute son action future. Ce principe inclu à l'intérieur d'un document intitulé : «Déclaration du VIIième Congrès National sur la réforme de l'Education et sur les droits des Québécois en Education», se présente comme étant la conclusion d'un virulente analyse du système d'enseignement actuel. Remontant aux objectifs exprimés par le mémorable Rapport Parent et après examen du système scolaire, le Congrès en constate plusieurs choses : premièrement, l'Education demeure toujours un privilège et non pas un droit réel et ce, que ce soit par le jeu des options générales et professionnelles, par les contraintes financières, l'évaluation, la sélection et par la pédagogie elle-même ou encore par la division par le sexe régnant encore dans certaines options «perpétuant ainsi une division arbitraire du travail entre les hommes et les femmes». Deuxièmement, les structures de cogestion instituées n'ont pas donné de pouvoirs réels aux parents, étudiants, professeurs et personnel de soutien.

Le document déplore également «la spécialisation hâtive des élèves et ce, au détriment d'une formation générale suffisante et de qualité». Dans un tel cadre de spécialisation, l'éducation permanente se présente donc comme complémentaire cherchant à combler les carences de formation plutôt que de contribuer à l'épanouissement des individus. «Replâtrage financé à même les poches des travailleurs», d'affirmer le document. On éprouve de la même façon la grosseur «monstrueuse» des écoles modernes, le trop faible nombre de professeurs, diminuant d'autant l'attention portée à chaque étudiant. Quant à la contribution du système d'enseignement au développement économique du Québec, tel que souhaité par le Rapport Parent, le document affirme que «ce développement se résume pour nous (les étudiants) au chômage des diplômés et à une situation financière précaire. Quant à l'ensemble du Québec on ne constate qu'une dépendance toujours plus profonde face aux monopoles étrangers et nationaux reliée à une dépossession toujours plus grande de nos ressources et de notre travail». Le document constate aussi le nombre grandissant des coupures de budgets dans le secteur de l'Education depuis 1970 et des conséquences déplorables d'une telle action : manque de matériel, d'enseignants, détérioration des conditions d'études, de vie, de travail, etc... provoquant de multiples conflits «opposant les étudiants, professeurs, parents et employés scolaire d'une part, au gouvernement, aux commissions scolaires et aux administrations locales d'autre part», nuisant à l'apprentissage. «Le gouvernement en est le seul responsable. C'est pourquoi nous nous joignons à tous ceux qui s'opposent à la détérioration et qui y résistent», d'affirmer le document. Cette situation, le document adopté en Congrès, l'explique par la subordination du système scolaire «aux grands intérêts financiers, monopoles étrangers et nationaux qui accaparent toujours davantage les ressources naturelles, de même que la force de travail des québécois».

C'est ainsi que, selon l'ANEQ, le gouvernement, devant satisfaire les exigences du patronat, désirant de plus en plus de privilèges financiers et autres, restreint ses dépenses de santé et d'éducation tout en laissant s'élever la part des taxes et d'impôts des particuliers. En retour, le patronat «dans le cadre actuel de la crise économique, préfère réduire l'embauche, créant le chômage». En foi de quoi, le VIIième congrès de l'ANEQ réclame donc pour tous les québécois :
- le droit des québécois à une éducation gratuite sans discrimination
- le droit à une formation générale de qualité (culture, langue, histoire nationale, etc...)
- le droit à des conditions d'études adéquates
- le droit à un support financier de l'Etat (subsistance, santé, habillement, loisirs, frais rattachés à la formation)
- le droit à un travail respectant les compétences de l'étudiant et dans des conditions acceptables par lui
- le droit d'association
- le droit d'administrer eux-mêmes les Services aux Etudiants
- le droit de participer aux consultations et aux décisions touchant l'Education.

Et c'est sur la foi de ces principes que les dirigeants de l'ANEQ préparent la rentrée de septembre.
Marc Berthiaume
(Sherbrooke - PEN)

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