Le Québec Étudiant
Volume 01 - Numéro 01
6 septembre 1977
La dégringolade commence à huit ans
L'intégration de l'éducation physique à la grille scolaire à la suite du rapport Parent avait quelque chose d'innovateur : une sorte de percée dans un système jusque là fermé où le corps reprenait un peu de ses droits. Depuis ce temps, les choses ont-elles vraiment évoluées? Le réseau scolaire s'est doté d'équipements sportifs et d'aménagements convenables, où l'on applique (sans trop de convictions) la norme de base : deux périodes par semaine (quand c'est possible). Les percées effectuées dans certains milieux secondaires en matière d'activités sportives extra-curriculaires font leur petit bonhomme de chemin, tandis qu'ailleurs les services de l'équipement reprennent dès que possible des avantages qu'ils avaient dû laissés échapper à quelque chefs de secteur ou de département trop entreprenants. Petit à petit la situation s'améliore. Les professeurs d'éducation physique se sont habitués aux quarante minutes semaine à l'élémentaire (ou ça existe) aux deux périodes du secondaire ou du collégial (actuellement remises en question). Ils ne contestent plus vraiment le système, habitués qu'ils sont à respecter les contraintes un oeil sur la montre et l'autre sur la porte de sortie. Les activités sportives extra-curriculaires sont mieux structurées mais sérieusement handicapées par un financement alléatoire. Les rapports s'empilent pourtant et les résultats sont toujours les mêmes : la machine humaine pour bien fonctionner a un besoin systématique de mouvement. Le manque d'activité entraîne fatalement la dégénérescence. Les recherches qui mène là-dessus le Dr. Bailey renforcent les conclusions du «Comité d'Etude» sur la Condition Physique des Québécois, à savoir que le niveau de condition physique des enfants commence à diminuer vers l'âge de sept ou huit ans immédiatement après leur intégration au milieu scolaire.
Pénible n'est-ce-pas?
Il effectue actuellement une expérience à Pont-Rouge avec deux groupes témoins: un groupe est soumis à un programme d'une heure par jour d'activité physique l'autre suit l'horaire régulier. Cette expérience fonctionne depuis quatre ans et déjà l'écart moyen de rendement physiologique se situe autour de 15% en faveur du groupe qui pratique quotidiennement une activité physique. La capacité d'oxigénation, la résistance, la psychomotricité, les facteurs de perception ont tous été sensiblement améliorés. Le rendement intellectuel semble également y trouver un net avantage, si l'on se fie aux résultats partiels de l'étude. Mais là-dessus le chercheur est beaucoup plus prudent, il attend les résultats qui ne seront vérifiables qu'après un cycle élémentaire complet de six ans. Cette expérience et toutes les autres arrivent aux mêmes conclusions. Faudrait-il que notre système scolaire, notre philosophie de l'éducation soient sclérosés à un point tel que rien ne change vraiment fondamentalement dans notre esprit. Les promesses gouvernementales concernant la priorité de l'éducation physique à l'élémentaire se suivent mais la situation demeure... Le milieu scolaire lui-même (à tous les niveaux) s'accomode assez bien des théories additives de connaissance. Bien minces les efforts, de globaliser l'approche pédagogique, l'expérience de vie, la recherche du mieux-être vs le plus connaître, finalement l'écart entre la bonne condition physique et l'état dans lequel se trouve une partie de la population scolaire devrait croître régulièrement de l'élémentaire à l'âge adulte, là-dessus aussi les études sont formelles. Pourtant le milieu scolaire n'a pas d'autre raison d'exister que de fournir aux «s'éducants» les ressources, nécessaires à sa formation.
Yves Paquette,
Directeur Général
Sports
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QÉ 01.01
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