Éditorial

Le Québec Étudiant
Volume 01 - Numéro 02
27 septembre 1977

Des réalités qu'on oublie

58% des étudiants de collège «1» craignent pour le financement de leurs études. [1]

Voilà une révélation inquiétante, sortie du tableau [assez noir] que tracent les sondages scientifiques. Cette inquiétude reflète un état d'esprit fait d'inquiétude et d'apréhension face à un avenir incertain. L'étudiant qui parvient à se financer tant bien que mal n'a aucune garantie de pouvoir continuer l'année suivante, aucune garantie de trouver un emploi d'été, aucune garantie de pouvoir rembourser ses prêts. Cet état d'esprit, on le constate dès qu'on s'assied et qu'on discute avec d'autres étudiants. Comment s'étonner, alors, des commentaires acides que nous entendons dans le cadre de la tournée nationale. Anxieusement, une question surgit à travers les assemblées d'étudiants : «Y a-t-il une solution de bon sens au fouillis actuel du placement et de l'aide financière»?» Il y en a certainement une, celle de tenir compte des réalités.

Tenir compte des réalités, c'est se dire qu'on ne peut plus exiger d'un étudiant des sommes qu'il n'a pas, pas plus qu'on ne peut le faire pour ses parents ou son conjoint. Tenir compte des réalités, c'est calculer enfin d'une façon réaliste les besoins réels des étudiants, plutôt que de fixer des nonnes arbitraires comme on le fait actuellement. Enfin, c'est fournir à chacun une opportunité égale de s'instruire en abolissant des contraintes d'un autre âge telles que les frais de scolarité. Nous sommes 200,000 à étudier dans les collèges et universités du Québec. 200,000 jeunes pour qui l'égalité des chances est une promesse d'élection bien plus qu'une réalité. Le gouvernement actuel attend beaucoup de la jeunesse pour réaliser ses projets d'avenir. Mais qu'aurons nous en retour? Beaucoup de jeunes fondent un grand espoir dans le gouvernement actuel.

Les étudiants du Québec vont bientôt s'assembler dans chacune de leurs institutions et dans leur congrès national pour formuler des revendications à la mesure de leurs besoins, des besoins criants, pour lesquels ils ont tenu une grève d'un mois à l'automne de 1974. Lors de cette grève spontanée, le gouvernement de Robert Bourassa a subi les foudres de la masse étudiante pour son refus de négocier et d'accéder à des demandes légitimes. Malgré toute sa spontanéité, son peu de préparation et d'organisation, ce combat a rapporté des gains. Par exemple, la réduction de la contribution d'été pour l'étudiant chômeur, l'abolition de la contribution des parents sur les prêts, une certaine indexation etc. Cependant, de tous les acquis de 1974, la fondation de l'ANEQ est peut-être le plus marquant. En effet, par expérience pratique, il est apparu évident qu'il fallait aux étudiants une organisation nationale forte et autonome qui leur appartienne. Alors qu'en '74 nous n'avions pas une telle force, aujourd'hui nous avons l'ANEQ. A nous d'utiliser à bon escient cette organisation de défense démocratique où chaque étudiant doit pouvoir s'informer, s'exprimer et participer aux décisions. Avec la tournée nationale, la parution de «le québec ETUDIANT», une consultation s'engage. Ces consultations mèneront, dans les semaines à venir, à la tenue d'assemblées locales et du congrès national. Les étudiants auront alors l'occasion de mettre de l'avant leurs solutions a l'incertitude et aux inégalités dont ils sont l'objet. Moyennant une bonne participation, l'ANEQ peut être une force qui rapportera de meilleurs gains pour '77-'78, de même que les années à venir.

François Couture
Collège d Alma
Secrétaire général

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